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Risques de méningiomes avec des traitements hormonaux : une filière dédiée à Toulouse

Certains progestatifs utilisés dans des traitements hormonaux sont désormais identifiés comme augmentant le risque de méningiomes. Pour dépister ces tumeurs du cerveau la clinique de L’Union, près de Toulouse, a mis en place une filière dédiée.

Androcur, Lutényl, Lutéran. Ces trois progestatifs, assez largement prescrits (contraception, endométriose, fibromes utérins) sont désormais identifiés comme augmentant le risque de développer un méningiome. Ce risque peut être multiplié par 3, par 7 ou même par 12 selon le dosage et le temps de traitement (1). Le plus souvent bénin (non cancéreux), le méningiome est une tumeur qui se développe à partir des enveloppes du cerveau (les méninges). Il peut être à l’origine de troubles (maux de tête fréquents, troubles de la vision, du langage, de la mémoire, vertiges, paralysie) nécessitant une intervention chirurgicale lourde.

IRM en cas de symptômes

À l’été 2019, l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a alerté de ce risque les patients sous Androcur – des femmes (traitement de l’hirsutisme, parfois contraception) mais aussi des hommes traités pour un cancer de la prostate ou des personnes transgenres en transition. Au mois de septembre prochain, ce sera au tour des personnes sous Lutényl, Lutéran ou leurs génériques. Les personnes concernées sont invitées à consulter leur médecin traitant qui pourra, s’il le juge nécessaire, leur prescrire une IRM (imagerie par résonance magnétique) de dépistage.

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« Proposer rapidement des rendez-vous sans créer de panique »

À la clinique de l’Union (groupe Ramsay), près de Toulouse, l’équipe de neurochirurgie a décidé de mettre en place un parcours spécifique pour ces patientes : consultation spécialiste, rendez-vous IRM, indication chirurgicale, suivi ou traitement). Le but est de proposer rapidement des rendez-vous et d’expliquer sans créer de panique.

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« La particularité de ces méningiomes c’est que, dans plus d’un tiers des cas, ils arrêtent de grossir voire régressent quand on arrête le traitement. Il n’est pas toujours nécessaire d’opérer. Nos équipes sont sensibilisées depuis de nombreuses années sur cette particularité hormonale et sur les décisions à prendre. Nous avons là une population de patients particuliers – majoritairement des femmes- chez qui il ne faut pas négliger l’impact psychologique de la découverte d’une tumeur intracrânienne et du sentiment de culpabilité lié à la prise d’un médicament. Notre équipe y travaille et déclare chaque cas à la pharmacovigilance pour alimenter les statistiques. Il s’agit d’un vrai problème de santé publique qui concerne des dizaines voire des centaines de milliers de personnes. Pour agir sur le stress post-traumatique induit par la découverte d’une tumeur au cerveau. La première chose est de réduire le temps d’attente entre la réception de la lettre, d’éventuels symptômes, le rendez-vous IRM et la consultation avec un neurochirurgien, idéalement une quinzaine de jours », explique le Dr Martin Dupuy, neurochirurgien à la clinique de l’Union.

(1) Etude EPI-PHARE menée par l’Agence du médicament et l’Assurance maladie